L’évolution des gouvernements : peuvent-ils acheter le succès?

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La théorie de l’évolution de Darwin est plus pertinente que jamais dans le monde des affaires. Dans notre paysage économique sans pitié, seuls les mieux adaptés survivent. C’est particulièrement vrai pour les petites et moyennes entreprises, qui doivent continuellement se réinventer pour croître et demeurer compétitives.

En tant qu’entrepreneurs et gens d’affaires, nous devons générer des profits. Nous ne pouvons pas nous permettre de nous financer par le déficit et d’accumuler des pertes année après année. En fait, dans la situation économique actuelle, nos décisions se doivent d’être plus réfléchies et éclairées par des données que jamais auparavant. Nous n’avons pas de marge d’erreur, parce que les erreurs peuvent s’avérer fatales.

Les gouvernements, quant à eux, ne semblent pas soumis aux mêmes règles de survie. Aujourd’hui, le principe « achetez maintenant, payez plus tard » règne chez nos politiciens.

Le budget fédéral de 2018 a été présenté en février. Il mise sur un déficit de 18,1 milliards de dollars pour payer de nombreuses promesses politiques. Il ne semble pas y avoir de limite en vue aux dépenses excessives du gouvernement ni de date butoir pour établir l’équilibre budgétaire.

En fait, les chiffres publiés par le gouvernement à la fin de 2017 prédisaient des décennies de déficits annuels aboutissant en 2050-2051 à une dette deux fois plus importante que la dette actuelle, soit de plus de 1,5 billion de dollars1. Or, le gouvernement libéral prévoit six nouvelles années de déficit pour stimuler l’économie.
L’Ontario est l’État non souverain le plus endetté au monde. Sa dette, qui s’élevait à 308,2 milliards de dollars au 31 mars 2018, devrait atteindre les 360 milliards en 2020-2021. Pour mettre les choses en perspective, l’Ontario compte environ trois fois moins d’habitants que la Californie (le plus grand État américain), mais son niveau d’endettement est plus de deux fois supérieur. Et nous sommes dans une bonne période sur le plan économique! Qu’arrivera-t-il quand la conjoncture changera (car elle changera, c’est certain)?

Tout cela soulève la question suivante : si les entreprises ne peuvent acheter le succès (repensez à 2007 et à la théorie du « trop gros pour faire faillite »), pourquoi le gouvernement se le permet-il?
Les déficits sont inévitables. Nous y sont tous confrontés de temps à autre. Le cas échéant, nous devons emprunter pour répondre à nos besoins. Toutefois, ces emprunts sont assortis d’une date d’échéance. Un jour, il faut les rembourser.

Le financement déficitaire n’est plus utilisé de manière occasionnelle par le gouvernement, mais plutôt de manière réflexe pour garder le pouvoir. Qui plus est, le recours à ce moyen de financement ne nous surprend même plus. C’est la nouvelle norme pour tous les partis.

Les dépenses – même à partir d’emprunts – sont censées stimuler la croissance. Durant une récession ou un ralentissement économique, elles sont utilisées pour redonner de la vigueur à l’économie en augmentant l’emploi et en incitant les consommateurs à dépenser à leur tour, ce qui accroît les revenus fiscaux des gouvernements.

Toutefois, nous ne sommes pas en période de ralentissement économique. Pourquoi dépensons-nous ainsi? Surtout, qu’arrive-t-il quand on dépense ainsi?

N’oubliez pas : la dette comporte un risque. Peu importe que vous soyez un individu, un ménage, une entreprise ou un pays, un jour, il faut régler vos comptes. Le ratio dette-PIB représente le rapport entre la dette totale du gouvernement et le produit intérieur brut. Ce ratio s’élève actuellement à 31,6 % au Canada. En Ontario, il frôle les 38 %. En surface, ces chiffres ne semblent pas très élevés, mais regardons-les de plus près.

Si nous incluons la dette cumulative du Canada (nationale et provinciale), notre ratio dette-PIB atteint près de 92,3 %. À des fins de comparaison, celui des États-Unis se situe autour des 107,1 %. (Données publiées en avril 2017 par le Fonds monétaire international, présentant les pourcentages du PIB national.)
N’oubliez pas : nous ne sommes pas en récession. Qu’arrivera-t-il quand l’économie se contractera? Même sans ajouter à la dette – ce que nous ferons, évidemment –, une diminution du PIB modifiera spectaculairement notre ratio dette-PIB et inhibera notre capacité d’emprunter à un moment où nous en aurons réellement besoin pour stimuler l’économie et promouvoir l’investissement. Maintenant, imaginez que nous accroissions notre dette – extraordinairement – chaque année, peut-être pendant des décennies. À quel résultat économique nous mènera cette insouciance?

Certains disent qu’il faut dépenser de l’argent pour en faire. C’est vrai. Cependant, où et comment cet argent est-il dépensé? Pour qu’une entreprise croisse et prospère, l’argent doit servir à augmenter ses capacités, à pénétrer de nouveaux marchés et à investir dans les technologies et les processus pour mieux servir les clients. Ces dépenses génèrent des gains d’efficacité, des profits supérieurs et, avec un peu de chance, de nouveaux investissements.

Mais qu’en est-il des dépenses du gouvernement? Où le gouvernement doit-il investir pour maximiser le rendement de ses dépenses pour tous les Canadiens? Lorsqu’il prend des décisions stratégiques sur les dépenses, il devrait se poser quatre questions fondamentales : quand dépenser? Dans quoi dépenser? Combien dépenser? Comment payer les dépenses? Manifestement, il ne semble pas le faire.
Les dirigeants politiques, comme tous les dirigeants, doivent prendre du recul et se poser les questions difficiles. Nos bureaucrates (dont le travail consiste à mettre en œuvre les programmes du gouvernement) savent que nous ne pourrons nous défiler devant les choix pénibles qui doivent être faits. Toutefois, ils répondent souvent aux demandes de politiciens qui veulent être réélus dans quatre ans. Nous devons commencer à nous poser les questions difficiles et à prendre les décisions économiques rébarbatives. Sinon, le marché se chargera de notre sort. Comme le Portugal, l’Italie, la Grèce et l’Espagne, à contrecœur, nous devrons nous résoudre à conclure un pacte faustien pour assurer notre avenir.

En tant que dirigeants d’entreprises, entrepreneurs et employés, nous devons plus que jamais nous faire entendre. Continuer d’augmenter l’imposition des sociétés et des individus est une solution idéologique à court terme qui démontre un manque de vision et ne fait que polariser les positions politiques. Le déséquilibre qui se forme en Amérique du Nord entre les niveaux d’imposition canadien et américain nous désavantage par rapport à nos concurrents du Sud. Si nos entreprises privées ne peuvent acheter la réussite, pourquoi nos politiciens se le permettent-ils? Il est temps de vous faire entendre!

Si nous voulons que le Canada demeure compétitif dans un monde où la survie du mieux adapté est bel et bien une réalité, nous devons exiger de meilleures réponses!

Références (en anglais seulement)

  1. http://www.cbc.ca/news/politics/decades-deficits-morneau-1.3923060
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Ken Jenkins
Ken travaille dans le marché du bois et des matériaux de construction depuis plus de 17 ans. Il a entre autres cumulé de l’expérience à la haute direction dans le domaine de la fabrication de produits de construction. Il a une compréhension aiguë de la relation entre les fournisseurs, les fabricants et les marchands indépendants ainsi qu’une profonde connaissance des entrepreneurs et de la clientèle de chaque région du pays. La priorité de Ken pour Castle est de « toujours acheter à des prix concurrentiels » afin que ses marchands indépendants demeurent dans la course. « Ainsi, les actionnaires de Castle obtiennent un meilleur rendement aujourd’hui que jamais auparavant. Rien ne témoigne mieux de la force de l’équipe que nous avons bâtie, souligne Ken. Mon travail est de continuer à la renforcer. »