Notre système d’éducation répond-il aux besoins des futurs entrepreneurs?

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Je vous ai récemment expliqué comment la réussite économique du Canada reposait sur les entrepreneurs et propriétaires de petite entreprise. Il convient donc de nous demander: faisons-nous tout ce qu’il faut pour fournir aux entrepreneurs les compétences dont ils ont besoin pour réussir?

Je n’en suis pas certain. Trop souvent, le système d’éducation définit la réussite en termes scolaires – la capacité de mémoriser, de réussir des examens et d’obtenir de bons résultats aux tests d’aptitude. Ces compétences sont importantes, mais mènent-elles à une carrière? Demandez à n’importe quel post-boomer si son diplôme universitaire lui sert dans sa recherche d’emploi. (Un indice: un post-boomer détenant un diplôme universitaire sur quatre occupe un emploi qui n’a rien à voir avec son diplôme. De plus, depuis quelques années, les Canadiens de moins de 30 ans ont peine à se trouver du travail1.)

Qui plus est, ces compétences scolaires sont-elles nécessaires à la réussite entrepreneuriale?

Pour répondre à cette question, examinons quelles sont les compétences nécessaires aux entrepreneurs. Un article récent du magazine Entrepreneur présentait les 17 compétences requises pour réussir en tant qu’entrepreneurs2. Croyez-le ou non, malgré ses 17 points, la liste n’est pas vraiment exhaustive. J’ai quand même choisi de vous présenter six compétences qui, selon moi, sont particulièrement importantes:

  • La gestion de l’argent: Un entrepreneur ne peut pas réussir en affaires s’il ne sait pas établir un budget et optimiser le rendement de chaque dollar. Dans quel cours de macroéconomie ou de microéconomie peut-on acquérir ces compétences? Heureusement, dans l’industrie du bois, des matériaux de construction et de la quincaillerie qui compte plusieurs propriétaires d’entreprise de deuxième et de troisième générations, ces compétences sont enseignées très tôt. Mais qu’en est-il sinon?
  • La vision à long terme: La réussite ne vient pas immédiatement. Une liste semblable parue dans le magazine Forbes3 le dit d’ailleurs: la réussite instantanée peut nécessiter de sept à dix ans de travail. Les entrepreneurs ont besoin de patience et de persistance. Ils doivent aussi savoir s’arrêter, planifier et réorienter leurs efforts. La vision à long terme implique aussi de se concentrer sur les prochaines étapes à exécuter.
  • L’embauche, la gestion et la rétention du personnel: Il est absolument crucial d’être capable d’évaluer ses propres forces et faiblesses, d’embaucher du personnel pour pallier ses faiblesses, de former ce personnel, de le gérer, de l’encourager, de le motiver et de le perfectionner. Ce n’est pas dans un travail d’équipe universitaire que vous acquerrez ces compétences.
  • L’apprentissage continu et la détection des tendances: Les entrepreneurs canadiens sont passés maîtres dans l’art de reconnaître un vent de changement et de s’y adapter. Le vent tourne rapidement. Les entrepreneurs doivent demeurer à l’avant-garde d’un marché en perpétuelle évolution et au courant des technologies à l’origine d’une partie de ces changements dans l’industrie.
  • La résilience: Pour réussir en affaire, particulièrement en ce qui concerne les jeunes entreprises, il faut souvent faire deux pas en avant, un pas en arrière. L’échec est une réalité qu’il faut gérer, sinon le futur peut sembler assez maussade. Si tant est qu’il le fasse, comment notre système d’éducation aide-t-il les futurs dirigeants d’entreprise à se préparer aux revers?
  • Se vendre: Avoir une vision, embaucher le bon personnel et connaître le marché est important, mais ce que de nombreux propriétaires de petite entreprise ne savent pas faire, c’est vendre leur entreprise aux banquiers, aux institutions financières et aux investisseurs. Que ce soit pour vendre son entreprise ou négocier une marge de crédit, il faut savoir «se vendre». Il existe une foule d’outils de formation pour vous guider, mais peu en milieu scolaire.

Le Canada compte de fantastiques universités, mais la question demeure: renforcent-elles ou émoussent-elles les compétences nécessaires à l’entrepreneuriat?

L’University de Waterloo, par exemple, est une chef de file de l’éducation grâce à son programme coopératif4. Depuis les années 60, elle travaille en partenariat avec des membres de l’industrie pour exposer les étudiants à des expériences concrètes, ce qui fait d’eux de meilleurs étudiants et de meilleurs employés. Mais ce programme fait-il d’eux de meilleurs entrepreneurs?

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Depuis quelques années, on concerte davantage les efforts pour développer l’entrepreneuriat chez les jeunes de tous âges. Par exemple, une école intermédiaire de l’île du Cap Breton (N.-É.) enseigne l’entrepreneuriat à un âge précoce5 en montrant aux élèves comment faire pousser leurs propres fruits et légumes frais pour les vendre à la clientèle locale. C’est un programme formidable qui peut véritablement allumer la flamme de l’entrepreneuriat chez les jeunes.

Néanmoins, quel rôle l’éducation postsecondaire joue-t-elle dans la formation de la prochaine génération d’entrepreneurs? Bien que les collèges et universités accueillent souvent des incubateurs d’entreprises, des laboratoires, des accélérateurs d’entreprises et autres organisations du genre, enseignent-ils vraiment les compétences requises aux entrepreneurs? Qui plus est, ces compétences pourraient-elles y être enseignées?

Qu’en pensez-vous? Quelles compétences sont, selon vous, cruciales aux entrepreneurs? Dites-le-nous.

Références (en anglais seulement)

  1. http://www.cbc.ca/news/canada/why-are-so-many-of-canada-s-young-people-out-of-work-1.1370260
  2. http://www.entrepreneur.com/article/242327
  3. http://www.forbes.com/sites/aileron/2013/11/26/the-top-skills-every-entrepreneur-needs/
  4. https://uwaterloo.ca/co-operative-education/
  5. http://www.theglobeandmail.com/report-on-business/small-business/starting-out/entrepreneurship-skills-increasingly-seen-as-a-must-have-for-canadas-youth/article17367382/
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Ken Jenkins
Ken travaille dans le marché du bois et des matériaux de construction depuis plus de 17 ans. Il a entre autres cumulé de l’expérience à la haute direction dans le domaine de la fabrication de produits de construction. Il a une compréhension aiguë de la relation entre les fournisseurs, les fabricants et les marchands indépendants ainsi qu’une profonde connaissance des entrepreneurs et de la clientèle de chaque région du pays. La priorité de Ken pour Castle est de « toujours acheter à des prix concurrentiels » afin que ses marchands indépendants demeurent dans la course. « Ainsi, les actionnaires de Castle obtiennent un meilleur rendement aujourd’hui que jamais auparavant. Rien ne témoigne mieux de la force de l’équipe que nous avons bâtie, souligne Ken. Mon travail est de continuer à la renforcer. »